Portrait

González Byass, le long terme comme horizon

200 ans d’histoire (ou presque), 1969 hectares de vignes, une présence aux quatre coins du monde… González Byass est vraisemblablement le groupe viticole espagnol le plus réputé dans le monde. La clé du succès ? Une expertise accumulée certes, mais aussi peut-être une pointe d’humilité et de pragmatisme.

“Il ne faut pas oublier d’où l’on vient”

“Notre travail repose sur une base honnête, vivante, sociale”. Il est le fruit d’un héritage qui s’est construit progressivement dès lors que le jeune Manuel María González Ángel, à peine âgé de 23 ans, fonda sa bodega à Jerez de la Frontera en Andalousie. Ce souci de la tradition s’est appliqué à toutes les nouvelles acquisitions du groupe au cours de son histoire. “Chacune de nos marques a sa propre identité. Elles fonctionnent de façon totalement indépendante”. Certes la gestion de ces différentes entités est “plus compliquée” que s’il s’agissait d’une seule et même structure, mais cela donne aussi à l’ensemble plus de “valeur” et préserve le côté “personnel” du groupe.

 

Il est vrai que les marques de González Byass ont chacune une personnalité bien différenciée à commencer par la bodega historique, celle de Tio Pepe et ses fameux Jerez, Vilarnau avec ses bulles rafraîchissantes du Penedès, ou encore Beronia, au cœur de la Rioja, qui réalise des vins rouges élégants (ils représentent environ 95% de la production) issus de longs vieillissements.

 

Le gérant et œnologue de Vilarnau, Damià Deàs

Le gérant et œnologue de Vilarnau, Damià Deàs

 

 

“On n’est pas pressés”

Cette diversité est aussi un formidable atout à l’export car, comme nous le fait remarquer Diego Talavera, “nous n’avons pas seulement un marché qui fonctionne bien, mais beaucoup de marchés avec un certain volume.” La variété des produits signés González Byass (vins mutés, nectars de garde, effervescents, vins gourmands et frais, etc.) permet de cibler un large éventail de consommateurs et de répondre aux différentes tendances du secteur. 

 

Mais surtout le groupe dispose d’un solide réseau de distribution pour placer ses produits à l’endroit opportun. “Nous cherchons toujours le distributeur et le canal adéquats. Nous ne sommes pas pressés, nous travaillons sur le long terme.” La clé n’est pas dans la croissance à tout prix, mais dans la capacité de s’adapter aux demandes des marchés. Pour cela, l’entreprise dispose de plusieurs relais d’exportation dans le monde (États-Unis, Mexique, Chili et Angleterre) ainsi que des commerciaux installés dans les zones d’intérêt (Allemagne, Thaïlande, Indonésie, Pologne, Chine, Brésil ou encore Corée). La recette semble fonctionner, puisque le groupe exporte vers 106 pays et 73% de sa facturation correspond aux ventes à l’étranger. 

 

Cet esprit exportateur a d’ailleurs toujours caractérisé la maison qui s’est développée grâce à son commerce extérieur vers le Royaume-Uni. En 1856, 20 ans après sa création, elle était déjà la première maison exportatrice de vins de Jerez. Avec patience et savoir-faire, le groupe s’agrandit. Mais pas à n’importe quel prix. 

 

Eva Plazas, œnologue de Vilarnau

Eva Plazas, œnologue de Vilarnau

 

 

Le choix de la durabilité

“Nous sommes très conscients, car nous le voyons tous les jours dans notre vignoble, qu’il faut avoir un pacte avec la terre qui nous entoure et nous nourrit”, nous confie Diego. “Il est nécessaire de rechercher non pas une rentabilité à court terme, mais une activité durable. Cette perspective fait partie de notre ADN.” Le groupe a investi presque 3 millions d’euros dans sa croissance verte. 

 

L’une de ses bodegas fait référence en la matière, puisqu’elle est la première exploitation viticole dans le monde à avoir obtenu la certification LEED GOLD, délivrée par l’US Green Building Council, qui distingue les bâtiments au faible impact environnemental. Profitant du dénivelé du terrain, la propriété se trouve semi-enterrée sous une toiture végétale qui l'intègre parfaitement au paysage. Entièrement pensée pour économiser l’énergie (avec sa gestion efficace des déchets ou encore de l’eau), elle abrite plusieurs innovations technologiques comme un dispositif géothermique (utilisant la chaleur naturelle de la terre) pour climatiser ses installations ou encore le système Cleanwood qui, en plus d’éliminer les micro-organismes des barriques (les Bretts par exemple) sans avoir besoin d'utiliser des sulfites, permet de désinfecter et de régénérer les barriques de vin de façon optimale.

 

Cette approche durable est un choix global qui s’applique à tous les niveaux de la production, mais pas seulement. “Car il ne faut pas oublier que la durabilité n’est pas que l’adoption de pratiques vertes, mais aussi la recherche de la rentabilité et de la pérennité de l’entreprise à travers ces actions”. C’est miser sur la prospérité à long terme. 

 

Beronia, une référence en architecture vitivinicole durable

Beronia, une référence en architecture vitivinicole durable