Édito

L’Alsace et ses terroirs protéiformes

C’est probablement un exemple unique en matière de viticulture. Ce vignoble quasiment exclusivement consacré à la production de vins monocépages propose une infinie variété de styles et de personnalités, liés à la palette innombrable de terroirs associés à ces différents plants.

Les raisons de cette richesse sont multiples. D’abord il faut savoir que toutes les formations géologiques, du primaire au quaternaire, sont présentes en Alsace. Fait majeur, à l’ère tertiaire, il y a quelques 50 millions d’années, le massif Rhénan s’est effondré, d’abord lentement, puis plus brutalement, donnant naissance à l’actuelle plaine du Rhin ce qui a contribué à mettre à jour et à compartimenter l’ensemble des couches géologiques. Les dépôts marins et fluviaux alliés au travail de l’érosion sont ensuite venus ajouter encore à la complexité. Finalement trois entités se sont individualisées du côté alsacien du fossé Rhénan : la montagne vosgienne (granit et grès, parfois schistes), les collines sous-vosgiennes d’une incroyable diversité et la plaine alluviale du Rhin (marnes et alluvions). A cette configuration s’ajoutent les quatre champs de fractures (Saverne, Ribeauvillé, Rouffach-Guebwiller et Thann) qui morcellent encore davantage le vignoble.

Voilà pourquoi l’Alsace recèle tant de visages différents. Pourquoi un riesling issu du Wiebelsberg d’Andlau n’a absolument rien à voir avec le même cépage récolté sur le Rangen de Thann. Et l’on pourrait ainsi multiplier les exemples à l’infini. Redécouvrons enfin cette merveilleuse région sous l’angle de ses terroirs et non plus seulement de ces cépages !

 

 


By Jean-Paul Burias photographs - Courtesy of the estates